MyMajorCompany : Michael Goldman, crowdfunding héros (2024)

Bon sang ne saurait mentir. Passionné, sincère, Michael Goldman est certes « fils de ». Mais aussi et surtout beaucoup plus que cela. Un entrepreneur, toujours à l’affût des tendances, qui parle avec la même verve de jeux en ligne que de création, de musique que de financement participatif. Pas forcément un accro aux études, mais qui a su trouver le moyen de mettre sa carrière au diapason de ses passions.
« J’ai toujours voulu être mon propre patron ! lance-t-il sans équivoque. Avec mes associés (Sevan Barsikian, Anthony Marciano) nous nous sommes rencontrés au sein du label BMG. A l’époque, le secteur du disque était en pleine crise. On a alors repéré un site allemand, « Sellabrand » (NDLR : « groupe à vendre ») : le premier site au monde à faire du financement participatif dans le secteur de la musique. On a adoré et voulu décliner cela en France. Et là, les choses se sont compliquées : je n’y connaissais rien ! Il faut dire que je n’avais aucune formation… »

Pionnier du crowdfunding

Michael Goldman se lance alors dans des démarches laborieuses. « Des avocats nous ont averti : « Attention, ce système, c’est de l’appel public à l’épargne, c’est illégal ». D’autres, les plus optimistes sur ce nouveau service, nous disaient d’aller voir l’AMF (NDLR : Autorité des marchés financiers)… » Tout ceci en plus des questions classiques que se posent les créateurs d’entreprise, du financement, etc. Finalement, le trio se lance en 2007.

Quand on lui demande de définir MyMajorCompany, Michael Goldman répond, presque gêné : « En fait, c’est une entreprise qui est « moi », c’est-à-dire qu’elle rassemble mes deux passions : la musique et internet. Mon rêve, quand j’étais gosse, était d’avoir mon propre label donc avec MMJ, c’est une réussite. Mon luxe, c’est de pouvoir craquer sur un artiste et de le signer sous notre label… » La petite entreprise défriche le crowdfunding (financement participatif) dans l’univers de la musique, en réussissant à faire émerger des artistes grâce au financement « de la foule ». Ainsi, ils lancent Grégoire, qui fait carton plein avec son titre « Toi + Moi ». La pépite Irma, c’est aussi eux, et la foule d’internautes, qui la dénichent.

“Le crowdfunding permet d’industrialiser la love money

Face au développement du crowdfunding, MyMajorCompany étoffe sa palette, suivant les traces de Kickstarter, en s’ouvrant à tous les projets culturels ou autres (livre, patrimoine, jeux vidéos, cuisine, etc.).
« Le crowdfunding, c’est un formidable outil pour les créateurs, souligne Michael Goldman. Le love money est très courant mais souvent, quand on parle de son projet à son entourage, les gens sont certes emballés, mais il est rare que dès le lendemain, ils signent un chèque. Ils oublient. Le crowdfunding permet d’industrialiser la love money. En quelques clics, les personnes à qui vous venez de parler de votre projet peuvent vous soutenir ! Aujourd’hui, 80 % de l’argent collecté sur les plates-formes comme la nôtre viennent de proches. Bien sûr, il y a de belles histories, des projets qui réussissent à lever des fonds auprès du deuxième ou troisième cercle, mais c’est plus rare. » Autre atout pointé par Michael Goldman : la concrétisation de l’idée : « dès qu’un créateur écrit son projet pour une plate-forme de financement participatif, cela lui permet de le structurer, de rentrer dans les chiffres. Cela donne une vie concrète à ce qui n’était souvent qu’une idée. »


« Les seules véritables avancées du crowdfunding viendront des entrepreneurs ! »

Revendiquant une culture « geek », passionné par le jeu de rôle et les jeux vidéo, Michael Goldman comprend très vite le potentiel de ce mode de financement alternatif pour ces secteurs un peu en marge qui n’intéressent pas les banquiers, les investisseurs classiques. « Je suis tout de suite allé voir des gens que je suivais, qui commentaient des jeux vidéos sur le net. Ils ont réussi à lever 105.000 euros. Ca a été le premier gros carton du crowdfunding hors musique. » Depuis, il avoue même être un accro, n’arrêtant pas d’investir ses propres deniers dans les projets de sa plate-forme.

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Pour ce défricheur du financement participatif, le fait que les politiques se soient emparés du sujet, avec notamment l’ordonnance d’Arnaud Montebourg visant à réguler le secteur, est certes important. « Mais on ne les a pas attendu pour faire de la France un des leader en ce domaine, lance-t-il. C’est positif pour mettre un coup de projecteur sur le secteur. Mais s’ils vont dans le mauvais sens, cela peut flinguer le financement participatif. Et sincèrement, les seules véritables avancées viendront des entrepreneurs ! »


Tipeee, entre mécénat et crowdfunding

Depuis peu, Michael Goldman s’est lancé dans une nouvelle aventure, avec Tipeee. Une idée une nouvelle fois trouvée en dénichant un nouveau site qui venait de se lancer aux Etats-Unis.

Tipeee en bref
Tipeee est une nouvelle forme de financement participatif basée sur la philosophie du « Tip » (le pourboire). Tipeee s’adresse à tous ceux qui fournissent du contenu gratuit et récurent, sur Internet ou ailleurs (youtubeur, auteur de strip BD, podcasteur, éditeur de fanzine, bloggeur,
artiste de rue…) L’internaute indique un montant (à partir de 1 euro), qu’il souhaite donner pour chaque contenu que le créateur réalisera.

« Je suis un grand fan de Youtube, j’y suis des gens qui publient leur vidéo, regardés par 50.000 personnes, mais qui ne gagnent pas leur vie, explique-t-il. Pour ces créateurs, qui n’ont pas un gros projet unique, le crowdfunding n’est pas adapté. Ils n’ont pas forcément besoin de lever 50.000 euros, comme ça. On a donc travaillé sur l’idée de Tipeee, un financement participatif adapté à cette communauté. Depuis, 5 à 6 personnes sont par exemple devenues professionnelles grâce à ce système. C’est une forme de mécénat, mais récurrent. »


« Pour réussir en France, il faut être 10 fois meilleur ! »

A regarder le parcours de Michael Goldman, ses domaines de prédilections, on pourrait être surpris qu’il ne se soit pas lancé sous d’autres latitudes, aux Etats-Unis par exemple. Le jeune homme tranche dans le vif : « j’ai créé en France pour des raisons personnelles : ma famille est en France. Et puis je ne suis pas très bon en langue !! Je suis trop Français ! Mais je comprends qu’un jeune qui n’ait pas ces contraintes se lance à l’étranger, notamment à cause des lourdeurs, du système fiscal. Sans oublier la question de la taille du marché : pour réussir en France, avec de plus petit* volumes, il faut être 10 fois meilleur ! Un site comme Tipeee, aux Etats-Unis, a réussi à lever 15 millions de dollars sans être rentable. C’est impossible en France. »

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Avec 30 salariés, MyMajor Company affiche aujourd’hui un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros. Un chiffre d’affaires encore très dépendant du label musical, qui représente en effet près de 90 % du CA.

L’enjeu ? Développer l’activité de crowdfunding, aujourd’hui en croissance de 200%. Et faire grandir Tipeee, en le lançant dans les 4 à 5 mois en Espagne et en Allemagne. Son avenir à lui, Michael Goldman ne le fige pas : « Je marche à l’envie, et ne cours pas derrière l’argent. Je suis dans un luxe énorme. Donc aucune envie de changer ni de vendre… ! » Créateurs et internautes pourront donc encore longtemps marcher en sa compagnie.

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